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« D’après mes parents, je commençais déjà à fredonner des airs de chansons avant même de savoir parler. »
Jonatan CerradaChanteur, acteur, responsable AICOM Bruxelles
1. Partie Culturelle
Que représente la musique pour toi ?
Jonatan Cerrada : Oh, la musique représente toute ma vie. J'ai commencé très jeune, à l'âge de 8 ans (et si ça avait dépendu de moi, j'aurais commencé encore plus tôt). D’après mes parents, je commençais déjà à fredonner des airs de chansons avant même de savoir parler. La musique a toujours été une partie intégrante de ma vie. À partir de l'âge de 8 ans, j'ai commencé à l'Opéra Royal de Wallonie, à Liège, de manière très sérieuse, car nous étions régulièrement sollicités et rémunérés. Ce n’était pas qu’un hobbie. Ensuite, ça ne m’a jamais vraiment quitté. J’ai eu la chance jusque là de pouvoir vivre de mes passions. Il n'y a pas un seul jour où je n'allume pas Spotify ou n'écoute pas la radio.
À quel moment as-tu su que tu voulais en faire ton métier ?
Jonatan Cerrada : Je ne me souviens pas à quel moment les choses sont devenues aussi claires dans ma tête. J’ai l’impression qu’il n’y a pas eu de prise de décision à un moment donné parce que cela semblait assez logique. J’ai commencé à huit ans à fouler les planches et toute ma vie a été axée sur cet objectif. J’ai eu la chance d’avoir des parents, surtout un papa, qui m’ont énormément soutenu et accompagné. Je savais que c’était un parcours qui était lancé et qui allait durer très longtemps.
Je n’ai jamais envisagé d’autres métiers. J’ai fait en sorte d’aller jusqu’au bout du baccalauréat pour obtenir un diplôme et partir l’esprit tranquille. L’idée était de passer mon bac, de m’installer à Paris et de tenter l’aventure avec des petits boulots à côté. Mais je n’ai même pas eu besoin de le faire, car la Nouvelle Star est arrivée quelques mois avant ce projet, l’année de mon bac. Du coup, ça m’a propulsé dans un tourbillon qui m’a fait passer des bancs de l’école à être lancé dans la profession et à vivre de ma passion. J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours.
Les étoiles se sont alignées et je n’ai pas eu à galérer, ce qui est un énorme privilège que peu de gens peuvent se targuer d’avoir. Alors, ça n’enlève pas le fait qu’il y a eu énormément de travail en amont puisque c’est arrivé à l’âge de 17 ans, ça faisait 9 ans que je faisais de la musique très sérieusement, que j’étais sur les planches tous les week-ends.
Un autre métier t’aurait plu ?
Jonatan Cerrada : Depuis quelques années, la vie m'a conduit à enseigner la musique et le chant. Avec du recul, je pense que si ma carrière d'artiste sur le devant de la scène n'avait pas fonctionné, je me serais naturellement tourné vers l'enseignement du chant. Ce qui fait que je suis doublement béni des Dieux, parce que je peux faire les deux. Toute ma jeunesse a été imprégnée par les arts de la scène, donc j'aurais certainement mis à profit mes connaissances pour les transmettre.
L’artiste qui faisait rêver l'enfant que tu étais ?
Jonatan Cerrada : Je suis très monomaniaque et fonctionne par périodes. Mon premier coup de foudre musical, au-delà de Dorothée comme beaucoup de gens de ma génération, est arrivé avec l’album d'Eux de Céline Dion (1995) lorsque j'avais 10 ans. Ça a été la vraie grosse claque d’un point de vue artistique. Même si j’aime toujours Céline Dion évidemment, j’ai eu ma grande période qui s’est étalée sur plusieurs années et lors de laquelle j’étais obsessionnel, elle a beaucoup marquée ma vie. Plus tard, j'ai découvert Mariah Carey, un autre coup de cœur peut-être plus réfléchi, qui m'a ouvert à la culture de la musique soul et R&B et m'a donné envie de découvrir une ribambelle d’autres artistes qui étaient dans cet univers musical.
L’artiste qui fait rêver l’adulte que tu es devenu ?
Jonatan Cerrada : Aujourd’hui, mes goûts sont beaucoup plus variés. J'ai un amour immense pour Lana Del Rey et tout ce qu’elle produit depuis son premier album. C’est une artiste que je suis énormément. Ensuite, mes coups de cœur de toujours sont Stevie Wonder et Charles Trenet. J’écoute vraiment de tout, c’est très éclectique.
Si tu pouvais aller voir un artiste en concert (mort ou vivant), ce serait ?
Jonatan Cerrada : Ce serait Charles Trenet car le fait qu’il ne soit plus là rend peut-être le tout encore plus spécial. Mais c’est un conteur d’histoires, un poète extraordinaire, l’un des hommes qui a ramené le jazz en France. Voilà. Pour ses textes, pour tout ce qu’il représente, pour sa vie personnelle passionnante…
Le souvenir le plus marquant de ta carrière ?
Jonatan Cerrada : Un concert qui s’est déroulé au Sentier des Halles, une petite salle très intime (200 personnes), pendant une semaine. Mon souvenir est assez flou, mais il y a eu une soirée où j’ai eu une extinction de voix, j’étais bourré de médicaments, de cortisone… Ça me coûtait vraiment de sortir ma voix et un soir, j’ai été porté par le public, ils ont assuré le concert pour moi, ils chantaient toutes les chansons. Je me souviens de cette soirée comme d'un moment très magique. Pour le coup, c’est l’un de mes meilleurs concerts alors que j’étais aphone, mais il s’est passé un truc indescriptible.
À chacun des concerts, on entend le public chanter. Mais là, pour le coup, il y a cette dimension où ils me portaient et savaient que j’étais très peiné par la situation. Je me suis senti vraiment soutenu et c’était particulièrement magique.
Que ressens-tu lorsque tu entends le public chanter tes chansons ?
Jonatan Cerrada : Ça m'émeut beaucoup, je trouve cela extraordinaire. Ce sont des moments où l'on réalise que l'on est entré dans la vie des gens et que l'on a été une partie intégrante de leur parcours, de leurs souvenirs. Il s'est écoulé du temps depuis, donc lorsque je suis amené à revivre ce genre d'émotions, c'est souvent lié à une période de leur vie qui est généralement associée à leur adolescence, car ce sont souvent des personnes de mon âge, de ma génération. Et on sait tous à quel point l’adolescence est un moment charnière dans une vie, donc c’est très touchant.
Éprouves-tu toujours les mêmes émotions sur scène malgré les années qui passent ?
Jonatan Cerrada : Oui, je ressens la même chose. C’est quelque chose qui ne bouge pas malgré le temps qui passe. Je suis toujours très stressé avant de monter sur scène, mais ce trac disparaît généralement après la deuxième ou la troisième chanson. C’est toujours un effet magique, on ne sait pas comment c’est possible. Il y a cette atmosphère unique que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
Quelles sont tes aspirations professionnelles ?
Jonatan Cerrada : Mon souhait serait que l'AICOM Bruxelles continue de croître, de perdurer dans le temps, en me concentrant sur la transmission. Tout cela, en parallèle de mes propres activités qui nourrissent mon ego d'artiste. Je suis actuellement dans une période de ma vie qui me rend très heureux, car je peux m'épanouir à la fois sur scène, dans la transmission avec mes élèves, et dans mon rôle de chroniqueur/animateur à la RTBF (la chaîne du service public en Belgique). J'espère pouvoir continuer à concilier ces trois aspects pendant longtemps, car j'ai enfin trouvé un équilibre que je n'avais jamais connu auparavant. Je suis plus serein, je sais qu’une chose nourrit l’autre.
Quelle serait la BO de ta vie ?
Jonatan Cerrada : Si je devais choisir une chanson, ce serait « Beautiful That Way » du film La Vie Est Belle. C’est une chanson interprétée par Noa, une chanteuse israélienne que j'admire énormément et qui a été l'un de mes grands coups de cœur pendant mon adolescence. Cette chanson me touche profondément. Elle nous a accompagné, ma famille et moi, dans des moments importants, voire terriblement douloureux. Le message est très positif ; je trouve cela magnifique de prendre la vie comme elle vient, avec ses moments très durs et ses moments de bonheur. On apprend de toutes les épreuves.
C’est une chanson très importante dans ma vie. C’est la première chanson que j’ai fait écouter à mon fils quand il était tout bébé, il n’avait jamais écouté de musique avant celle-là. C’est aussi une musique qu’on a mise à l’enterrement de ma grand-mère.
Ta comédie musicale préférée ?
Jonatan Cerrada : C’est difficile ! Je dirais Grease. J'étais enfant et je me souviens d'avoir été ultra fan dès le départ. C’est un film que j’ai vu et revu, je le regarde chaque année. Grease est important pour moi surtout car il est lié à mon enfance, et les coups de cœur que l’on a durant cette période sont ceux qui nous marquent pour la vie.
En tant qu'adulte, je dirais West Side Story, que j’ai découvert bien plus tard mais qui est l’une de mes comédies musicales préférées.
Toi, ça te tenterait la comédie musicale ?
Jonatan Cerrada : Oui, absolument ! Je suis actuellement dans une phase de ma vie où si je remonte sur scène, c’est pour partager des expériences avec d'autres artistes. Je serais totalement partant pour une aventure comme celle-ci.
Si tu avais dû choisir un télécrochet à notre époque…
Jonatan Cerrada : Je suis très mauvais élève car je ne suis pas trop les télécrochets. Je pense que c’est lié au stress que c’était pour moi de faire la Nouvelle Star. J'ai peut-être suivi quelques saisons qui ont suivi la mienne, mais après cela, je n'ai pas regardé un seul épisode de The Voice ou de la nouvelle Star Ac… Cependant, je me tiens informé grâce aux réseaux sociaux, donc je ne vis pas totalement dans une grotte. Je suis au courant des prestations et des candidats, mais je ne suis pas très familier avec les programmes en eux-mêmes.
La Nouvelle Star m’a apporté énormément de choses, à côté de cela, je pense que c’est un programme qui ne serait plus possible aujourd’hui parce que les jurés malmenaient les candidats, ça a été décliné comme cela dans tous les pays, c’était l’ADN. Ils étaient très durs avec moi, parce que je pense qu’ils voulaient raconter une histoire de l’Outsider qui au départ ne partait pas gagnant mais est arrivé jusqu’au bout. D’un point de vue storytelling c’était intéressant mais j’ai été malmené.
Je pense que je choisirais The Voice, ça se fait plus en douceur, je crois. Les jurés sont dans la bienveillance, le programme est construit autour de cela. Sans avoir vu l’émission mais d’après ce que j’en ai entendu et ce que je vois sur les réseaux, ça m’a l’air beaucoup plus cool que la Nouvelle Star.
Comment as-tu vécu la Nouvelle Star ?
Jonatan Cerrada : Les émotions que j'ai ressenties à cette époque étaient vraiment intenses à tous les niveaux. Être critiqué par les membres du jury provoquait des réactions très fortes, mais tout était extrême, même les moments positifs. Tout était porté à son paroxysme. C’était juste une période extrêmement folle, mais je l’ai bien vécue parce que tout était dingue. En tant qu'adolescent, je n'avais pas beaucoup de recul sur les choses, mais ça a été une aventure formidable. Depuis lors, toute ma vie professionnelle s'est articulée autour de cette expérience. Il y a eu un avant et un après. Je sais que tout ce que je fais professionnellement découle de l'exposition que j'ai eue, même si cela remonte à loin.
2. Portrait chinois
Si tu étais…
Un style de danse : la danse classique,
Un instrument : le piano,
Un Disney : La petite sirène,
Une chanson de Disney : Rêve ta vie en couleur (Peter Pan),
Une comédie musicale française : Starmania,
Une chanson de comédie musicale : We Go Together (Grease),
Une chanson : Beautiful That Way,
Un clip : Run for the hills (Tate McRae),
Un film : Tout sur ma mère (Almodóvar),
Un personnage de film : Truman dans The Truman Show,
Une série : Friends,
Un personnage de série : Phoebe Buffay,
Une pièce de théâtre : La Vénus à la fourrure,
Une parole de chanson : "Life is Beautiful That Way".