Menu
« Quand on ne va pas bien, on peut s’enfermer dans sa bulle musicale ; quand on va bien on peut aussi exploser sa bulle musicale. »
Laurène PioteyryComédienne et responsable de l'AICOM Nantes
1. Partie Culturelle
Que représente la musique pour toi ?
Laurène Pioteyry : Ça représente un bon gros morceau de ma vie parce que la musique m’accompagne tous les jours, du matin jusqu’au soir. Hormis ma famille, la musique c’est ce sans quoi je ne saurais pas vivre. Elle est pour moi une source de joie et de ressourcement. Quand on ne va pas bien, on peut s’enfermer dans sa bulle musicale ; quand on va bien on peut aussi exploser sa bulle musicale. La musique permet de transmettre toutes les émotions que l’on veut, elle compte énormément pour moi.
Elle m’accompagne depuis aussi loin que je me souvienne. Depuis toujours, je chante. Quand j’étais petite, je chantais très faux donc je n’avais pas le droit de chanter en public devant ma famille. Alors, je m’enfermais dans ma chambre pendant des heures pour le faire. J’imaginais vivre dans un grand château ou une grande maison, où l’on y ferait de la danse, du chant et du théâtre. Je rêvais d’un endroit comme celui-ci, parce que ça n’existait pas dans ma province lorsque j’étais petite. Et un jour, j’ai trouvé l’AICOM ! Alors autant de te dire que j’y ai bien hanté les couloirs.
Tu as toujours su que tu souhaitais travailler dans ce domaine ?
Laurène Pioteyry : J’ai toujours voulu faire partie de ce milieu. Et comme pour beaucoup de gens à mon époque, il fallait avoir un métier sérieux à côté de cela, donc j’ai fait croire des choses au reste du monde. Ma mère me disait : « Mais non, ce n’est pas un vrai métier. »
Comment ta famille a-t-elle réagi ?
Laurène Pioteyry : Ils m’ont dit : « Ok, on te fait confiance, vas-y, fais-le à fond et ne te plante pas ». Bon, je pense que je ne me suis pas plantée. J’ai dû jongler : j’ai suivi des études classiques en parallèle, et le soir, je faisais mes études de théâtre. Ensuite, je bossais dans un bar pour pouvoir financer tout cela.
L’artiste qui te faisait rêver petite ?
Laurène Pioteyry : J’étais absolument fan des vieux artistes comme Édith Piaf et Elvis Presley, qui étaient déjà décédés à l’époque. J’étais très inspirée par les comédiens tels que Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, des personnes que je trouvais absolument géniales sur scène et extrêmement heureuses dans la vie. Je me disais : « Ils ont l’air de s’amuser tout le temps », et ça me faisait rêver.
D’ailleurs, quand j’ai quitté mes cours de théâtre professionnels à Paris, j’en avais marre parce qu’on me disait qu’il fallait être triste et malheureux pour être un bon comédien, et je n’étais pas du tout d’accord avec ça. Je me disais que ce n’était pas vrai, que Marielle, Rochefort, Belmondo, n'étaient pas vraiment malheureux.
L’artiste qui fait rêver l’adulte que tu es devenue ?
Laurène Pioteyry : Il y a plein d'artistes qui me font rêver. Je rêve encore tous les jours. Je suis assez fan de Matthieu Chedid que je trouve très ingénieux dans tout ce qu’il fait ; il est inventif et généreux.
La semaine dernière, on m’a invitée au concert de Maëlle, une jeune fille que je ne connaissais pas plus que cela. Je ne suis pas fan de sa musique ; ce n’est pas ce que j'écouterais seule dans ma voiture. Cependant, j’ai été impressionnée par ce petit bout de jeune femme qui prend son piano, sa voix, qui joue et qui entraîne le public. C'était seulement son troisième concert et elle assure vraiment bien, elle est hyper douée et a plein d'énergie à revendre. Elle se défend vraiment bien, et j’ai hâte de voir ce que cela donnera dans 10 ans, avec encore plus de bouteilles ! Tous ces artistes m'inspirent, je me dis : "WOW, il y a encore plein de talents partout et ce n’est pas fini ; les talents ne sont pas tous morts."
Dans la jeune génération, je suis absolument fan de Zaho De Sagazan. Mais pour moi, il y a du renouveau tout le temps, partout. Je fais les auditions de l’AICOM TOUR, j’en vois des talents bruts, des dingos dont on va entendre parler. J'admire les personnes qui bossent, qui sont généreuses et qui sont humbles.
Le souvenir le plus marquant de ta carrière ?
Laurène Pioteyry : Il y en a quand même plusieurs. J’ai eu l’occasion d’accompagner la Junior Académie au concert des Enfoirés, dont j’étais totalement fan quand j’étais petite et auquel je rêvais d’assister. Et là, j’y étais, mais dans les coulisses, avec Jean-Jacques Goldman et Jenifer. C’était quand même assez sympa !
J’ai partagé la scène du Grand Rex avec Malaïka Lacy, Eleonore Monasterio et Laury Perez. C’est un souvenir assez sympa tout de même !
J’ai rencontré en Masterclass des personnes extraordinaires comme Michel Galabru. J’ai été en studio avec Zazie. Et puis, toutes ces années où j’ai arpenté le Festival d’Avignon en tant que festivalière, à participer à la parade toute la journée et à jouer le soir.
Il y a eu tellement de belles expériences ! Et il y en aura encore beaucoup à venir, c’est ce qui est chouette.
Il faut se dire qu’on n’est pas forcément en tête d’affiche pour travailler dans ce milieu. On a notre place à trouver. Personnellement, j’ai arrêté de passer des auditions il y a quelques années parce que je n'en avais plus envie. Je m’éclatais beaucoup plus à accompagner les étudiants dans ce métier. Je travaille tous les jours dans le domaine de la comédie musicale, de la musique et de l’art. Je chante tous les jours, je donne des cours, et pourtant, je ne suis pas en tête d’affiche et ce n’est pas grave, ce n’est pas le plus important.
Tu préfères chanter, jouer ou danser ?
Laurène Pioteyry : Mon cœur de métier, c’est jouer la comédie. Je suis une comédienne, mais je ne pourrais plus ne pas chanter.
Ta comédie musicale préférée ?
Laurène Pioteyry : Cabaret.
Ta chanson de comédie musicale préférée ?
Laurène Pioteyry : Hm, peut-être bien « Maybe This Time » de Cabaret. Je suis un peu monomaniaque. Bien sûr, j'adore plein d'autres chansons, mais si tu me demandes la crème de la crème, c'est celle-ci.
Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans Cabaret ?
Laurène Pioteyry : Cette comédie musicale allie tout ce que j’aime ! J’aime énormément son histoire, la période de la seconde guerre mondiale. Elle parle de beaucoup de choses, sans qu’on s’en rende forcément compte.
La chanson « Two Ladies », avec cette femme qui est déguisée en guenon, qui est le symbole de la juive, est extrêmement forte, elle dénonce beaucoup de choses.
À chaque fois que je vois cette comédie musicale, j’ai un moment de silence, d’effroi, de poils qui se dressent, et de larmes (mais j’ai la larme facile).
Si tu pouvais assister au concert d'un artiste (mort ou vivant), ce serait qui ?
Laurène Pioteyry : Edith Piaf ! Parce que l’interprétation… Ou Brel ! Je ne sais pas, c’est trop dur. Les deux, parce que c’est certes du chant, et du très beau chant, mais avec du texte ! Ou Maurane, mais parce que je suis amoureuse de sa voix.
Quel est le plus beau concert auquel tu aies assisté ?
Laurène Pioteyry : Les concerts les plus géniaux auxquels j'assiste sont toujours ceux de M. Ils sont absolument dingues, pleins d'inventivité. Chaque concert est unique et d'une générosité absolue, donc je suis toujours époustouflée quand il donne un spectacle de deux heures tout seul. Une fois, il était seul sur scène et jouait lui-même tous les instruments pendant deux heures. Les Américains font généralement des concerts d'1h10 et sans rappel !
Mon tout premier concert était celui d'Eddy Mitchell, quand j'avais 8 ans. C'est un souvenir gravé dans ma mémoire. C’est aussi un artiste généreux. J’aime ceux qui ont envie d’être avec le public, qui ne sont pas là que parce qu’ils sont payés mais parce qu’ils kiffent !
Mais je suis assez bon public. Dès que j'assiste à un concert, je trouve cela assez beau. J’ai eu l’occasion de voir un concert de Johnny Hallyday, c’est pareil, c’était généreux. Donc je me dis : « Bah ouais, forcément les gens kiffent ! Il y a une raison pour laquelle les gens assistent à tous les concerts d'un artiste… C'est parce que c'est généreux, et pour moi, c'est la base de quelqu'un qui monte sur scène."
Si tu pouvais jouer dans une comédie musicale ou un film ?
Laurène Pioteyry : Je ne vais pas être originale... J’aimerais bien jouer dans Cabaret ! Sinon, dans mes rêves les plus fous, j'adorerais avoir le niveau et le talent pour jouer dans Hamilton ! Et puis, j’aimerais beaucoup interpréter le rôle de Maria de Buenos Aires, c'est un Opéra Tango sur une musique d’Astor Piazzolla !
Si c’était à refaire…
Laurène Pioteyry : Je referais tout exactement de la même manière. Je n'ai aucun regret dans ma vie.
Quelles sont tes aspirations professionnelles ?
Laurène Pioteyry : C'est de développer davantage la scène de la comédie musicale à Nantes, de découvrir encore plus de nouveaux artistes à travers la France et au-delà, de créer un vrai réseau de comédie musicale dans les Pays de la Loire, monter un festival. Il y a plein de choses à faire ici et j’ai très envie de faire partie de ce petit rouage !
Quelle serait la BO de ta vie ?
Laurène Pioteyry : Oh, il y a tellement, tellement de chansons différentes ! Parfois, c'est du Alexis Ffrench, où l'on va tous pleurer sur du piano. Il y a des moments où ça va être Mamma Mia. La musique elle est partout, toute la journée. C’est difficile, je ne peux pas choisir.
2. Portrait Chinois
Si tu étais...
Un style de danse : Une rumba,
Un instrument : Un accordéon,
Un Disney : Coco,
Une chanson de Disney : Partir là-bas (la petite Sirène),
Une comédie musicale française : Irma la douce,
Une chanson : Dix ans de nous (Ben Mazué),
Un film : Love Actually,
Un personnage de film : Bonnemine ou Itinéris (Astérix)
Un clip : Never Ever (All Saints)
Une série : This Is Us,
Un personnage de série : Sydney Bristow (Alias),
Une pièce de théâtre : Le repas des Fauves,
Une parole de chanson : Je t'aimais tellement fort, que je t'aime encore (Michel Jonasz).