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« Passer du rêve à la réalité, relève du parcours du combattant. »
Tennessee
D’où te vient cette passion pour la musique et le chant ?
La musique a bercé ma vie dès ma naissance puisque je suis née sur les sonorités du « Grand bleu », le film de Luc Besson (1988)*, que j’ai grandi au milieu de la nature où les sons des animaux et des éléments ont été tout aussi importants. À la maison, j’ai été habituée à écouter tous les styles (du classique au rap en passant par les musiques du monde). Chanter a toujours été mon mode d’expression. Je chante en fait depuis toujours, quand je suis en colère, triste, heureuse, amoureuse… Avec mes sœurs, on créait des spectacles musicaux pour nos parents. Dès l’âge de 7 ans, je me produisais dans des petites fêtes locales, j’écrivais des chansons et je répétais à qui veut, qu’un jour, je deviendrais chanteuse.
Un destin tout tracé ?
Sur le papier, ça paraît simple mais dans les faits, passer du rêve à la réalité, relève du parcours du combattant. Une fois le cap posé, la quête pour y parvenir prend vite l’allure d’une course de fond en montagne. Un mélange d’ivresse et d’endurance avec des hauts, des bas et des paliers où chaque expérience est utile pour emmagasiner des données, des réflexes, se tester, progresser.
Tu nous donnes un exemple ?
Au lycée, par exemple, j’ai démultiplié les activités extra scolaires autour du théâtre, de la réalisation, des spectacles, de la scénographie, de la photo, du son… Chaque discipline s’est complétée. Après un bac S, j’ai suivi une licence Art du spectacle à l’Université de Caen puis un master pro réalisation et création à l’Université de Paris 8. J’ai entamé une carrière professionnelle en production audiovisuelle pendant plusieurs années et là encore, tout le travail d’équipe autour de la création d’un film a été enrichissant et me sert aujourd’hui dans la musique.
Entre deux missions, j’ai voyagé aux Etats-Unis et au Canada puis j’ai travaillé au Centre National du Cinéma où là j’ai vraiment compris que rester enfermée dans un bureau n’était pas fait pour moi.
Expérimenter, rester curieuse et en mouvement aura été l’une des clés ?
Important en effet pour savoir qui l’on est, ce que l’on ne veut pas, ce pourquoi on est fait. Se remettre en question aussi, savoir se dépasser, se renouveler, accepter les critiques, ne pas avoir peur de se tromper, rester motivé et patient. Après le CNC, j’ai quitté la capitale pour venir m’installer à Lille et repenser ma vie autrement. À la naissance de mon premier enfant, un déclic a eu lieu. En me faisant la promesse de lui apprendre que réaliser ses rêves était possible, je me suis rappelée de ce propre enseignement transmis par ma mère et du rêve de mon enfance : la musique. Et alors je me suis lancée !
J’ai commencé par une formation en comédie musicale à mi-temps. J’ai pu ainsi aborder le travail du corps par la danse, la présence sur scène, la technique vocale, l’écriture de texte et la théorie musicale (solfège, rythme, harmonie). Au bout de plusieurs mois, cette initiation m’a confirmée que j’avais envie d’aller plus loin. Mais de là à réaliser mes propres objectifs musicaux, j’ai bien compris qu’il me manquait encore du travail et des éléments.
Comment monter un projet ? Avec qui ? Qui sont mes interlocuteurs ? Comment composer/ arranger un morceau ? Etc. Je me suis longuement renseignée sur les options proposées en France en termes de formation musicale complète. L’EFM2 proposait exactement ce dont j’avais besoin et de plus, les retours positifs d’anciens élèves ont été pour moi décisifs.
Un palier supplémentaire dans la quête ?
Oui, et c’est même enceinte de mon deuxième enfant que je vais passer les auditions et m’inscrire l’année suivante. Quelques mois après avoir donné la vie, je me suis retrouvée en salle de cours pour intégrer la formation en cours de route. J’ai ainsi passé deux années à me découvrir et à apprendre des autres. J’ai développé ma technique vocale, gagné en aisance sur scène, appris à poser des notes de musique sur ce que je voulais chanter, à donner naissance à mes premières mélodies. J’ai aussi compris comment monter et vendre un projet, chose que j’ai pu mettre en pratique dès ma deuxième année à l’EF2M.
Quels sont tes projets ?
J’ai commencé par intégrer un groupe « Sucré Salé », un groupe de reprises constitué d’un guitariste Jérôme Dumouchel et de sa pédale loop et de deux chanteuses Liselle Lebreton et moi-même. Nous avons trouvé une façon de nous harmoniser pour incarner une véritable identité musicale. À la suite d’un premier concert à la fête de la musique, de nombreuses autres prestations ont suivi et ont permis ainsi d’installer un réseau de clients.
Toujours en deuxième année, encouragée par l’une de mes professeures, j’ai créé mon propre groupe « Moon Light Blue » avec Timothée Leloir à la batterie, Tom Bailleul à la guitare et Maxime Brunneval à la basse, tous issus eux aussi de l’EF2M. Nous sommes pour le moment un groupe de reprises et nous arrangeons des morceaux dans un style pop rock blues. Une signature qui là aussi, se développe et se renforce au fil des répétitions et des concerts.
Je suis désormais officiellement musicienne interprète et je vis en partie de mon rêve. Je mentirais en prétendant que c’est facile tous les jours. C’est en effet un travail intensif, quotidien.
C'est un métier qui consiste en quoi au juste ?
À chanter au sein d’un groupe de musique. Pour ma part, je ne fais pas que chanter, j’organise aussi beaucoup de choses : répétition, shooting, enregistrement studio, choix des setlists, négociation de prestation, etc. Après avoir constitué « Moon Light Blue », j’ai rapidement mis en place des répétitions, la création de supports de com' et commencé à vendre ce projet pour des événements dans des restaurants, pour des villes, des inaugurations de lieux, etc. Nous travaillons notamment avec la plateforme « Click and Live ».
Parallèlement à ce travail permanent, j’écris aussi des textes pour de futures compositions et un spectacle pour enfants en collaboration avec Strawberry Production. En réalité, pour avoir la chance de voir un projet aboutir, il faut en concevoir et en lancer plus d’une dizaine. Et au début, pour pouvoir consacrer du temps à la composition, à l’écriture, aux répétitions, à la création de supports, il est indispensable de cumuler au revenu des prestations sur scène, une autre activité professionnelle. Pour ma part, grâce à mon parcours et cursus, j’ai la chance de pouvoir cumuler plusieurs casquettes où la musique est toujours présente : réalisatrice et monteuse de clip, chargée de production, chargée de communication, etc. C’est beaucoup d’investissement mais ma passion pour la musique est un réel booster. Et j’avoue que pratiquer la musique dynamise de toute façon le corps et le mental.
La musique fait vibrer le vivant ?
La musique est dans la nature, elle existe chez les animaux. De nombreuses études ont été réalisées sur les rythmes, la créativité, les notes répétitives chez certaines espèces. La musique relie les hommes aux 4 coins de la terre depuis les origines. Certains musicologues pensent même qu’elle est à l’origine du langage. Tous les êtres vivants sont sensibles aux vibrations du son, même les plantes.
Sur scène, on ressent bien cette circulation du son entre nous et dans la salle. Il y a subitement une alchimie qui s’installe, sans laquelle rien ne serait possible. D’ailleurs, je défends la musique live et le métier de musicien dans son ensemble. Pour moi, la musique est un art collectif, il se réalise à plusieurs. Être à l’écoute de l’autre est crucial.On ne fait jamais deux fois la même chose, on se laisse une grosse part d’improvisation dans nos arrangements, tout dépend de l’ambiance de la salle. C’est ce partage entre nous qui permet de dialoguer avec le public. Et ça, c’est la plus belle des récompenses !